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Le jardinage une véritable thérapie

Il faut cultiver notre jardin

Le jardinage une véritable thérapie

le 16 novembre 2022

Il faut cultiver notre jardin

Quelqu’un vint un jour voir saint François d’Assise et le trouva binant dans son jardin. Il lui demanda ce qu’il ferait si on lui apprenait que le lendemain verrait la fin du monde. Sans hésiter un seul instant, saint François répondit : « Je continuerai de biner. »

En 2014, la revue Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement (Volume 12, Numéro 4) développe une étude sur le bienfait du jardinage pour les personnes âgées, qu’elles vivent en autonomie ou en maison de retraite, qu’elles soient en bonne santé ou atteintes de maladies liées à l’âge. Les chercheurs démontrent que le jardinage « est associé à un sentiment d’accomplissement, de bien-être et de détente, à la stimulation mentale ainsi qu’à la création de liens sociaux ».

Petit aperçu des bienfaits du jardinage et de sa mise en pratique sous le regard de Hildegarde de Bingen.

Le jardinage : une véritable thérapie

Qu’est-ce que jardiner ? Biner, fertiliser, planter, semer mais aussi arroser, tailler et finalement cueillir ? Et si le jardinage était plus que tout cela.

Lorsque nous prenons la responsabilité de cultiver un petit coin de jardin, nous revivons au contact et en harmonie avec la nature, les saisons, la météo (et ses aléas) et nous reconnectons au cycle de la vie. Cela implique des efforts physiques mais aussi psychologiques. C’est pourquoi, il semble intéressant de proposer à nos aînés de retourner aux sources de ces habitudes multiséculaires : cultiver notre jardin, faire du bien à notre corps et à notre esprit comme nous le propose Candide !

Les bienfaits physiques sont nombreux. Bien sûr, nous stimulons notre corps par des exercices qui nous renforcent, nous musclent mais ils permettent aussi à cinq sens d’être stimulés ! La vue s’ouvre à la contemplation et à l’observation ; l’ouïe au bruissement des végétaux, aux piaillements des oiseaux, ainsi qu’aux sons que nous produisons dans le silence de la nature : piochage, arrosage…  La terre, lorsqu’elle est humide particulièrement, ainsi que les fleurs et les plantes aromatiques aiguisent notre odorat qui est magnifié par le goût des fruits de notre labeur. Mais le cinquième sens reste peut-être le plus important, le toucher. Prendre la terre, y plonger ses mains, arracher les mauvaises herbes, tenir, piocher, cisailler, utiliser les outils, ressentir l’effort fourni. Pour cette activité, nous sommes obligés de sortir de notre confort. Pour les plus chanceux, à l’extérieur chaque jour, nous prenons soin de ce lopin dont nous sommes responsables, offrant ainsi à notre corps le bénéfice du grand air et du soleil (dont la précieuse vitamine D).

Quant à ses bienfaits psychologiques, nous pouvons noter les stimulations cognitives qu’entraîne l’organisation du jardin. Il faut savoir associer les plantes entre elles, parce que se transmet depuis des générations leurs interactions et leurs synergies. Il faut organiser son temps et le travail à accomplir dans le jardin, stimuler sa mémoire et sa concentration. Cette activité a un côté méditatif qui permet de se poser, de sortir du rythme de notre quotidien pour être en harmonie avec les besoins de la nature. Cette détente exigeante mais gratifiante, nous responsabilise quant à la survie de nos plants, contribue à réduire notre stress et à nous tourner vers l’extérieur. C’est souvent un lieu de socialisation où les passionnés se retrouvent, se conseillent et s’entraident.

Inspirés par Sainte Hildegarde

Jardiner nous fait remonter à nos racines, nous donne une sensation de bien-être et nous permet de rester ancrer dans le réel et le temporel. Pourquoi le mettre en lien avec Sainte Hildegarde de Bingen ? Cette femme, très engagée au XIIe siècle, nous a légué ses visions, ses talents d’écrivain et de compositeur ainsi que son rayonnement en tant qu’abbesse où elle commande, fonde et même prêche en chaire ! Cependant, de tant de mérites, celui qui nous intéresse aujourd’hui concerne ses écrits sur l’ajustement à trouver avec la nature. Avant-gardiste sur le principe d’harmonie entre l’univers et l’être humain, elle alertait déjà sur les conséquences que pouvait avoir tout déséquilibre.

Hildegarde estime que l’homme est au centre de l’univers, que tout ce dont il a besoin se trouve dans la nature et notamment dans les plantes. Dans ses livres écrits à partir de ses visions, elle dévoile leurs vertus médicinales. « Elle propose un art de guérir qui tient compte de l’homme en son unité d’âme et de corps. Elle parle d’une juste mesure pour maintenir l’équilibre et éviter la maladie » (https://laterreestunjardin.com/hildegarde-de-bingen/ ) Cependant, est mis en avant le fait que tout ne convient pas à tous ! En effet, suivant notre tempérament, nos « humeurs », certains aliments sont plus recommandés que d’autres. Or, si elle nous oriente vers le bien fondé de la nature, c’est qu’elle y voit une réponse pour l’homme dans sa globalité.

Sainte Hildegarde voit dans la création l’œuvre de Dieu. Elle nous guide par ses livres, notamment Physica dans lequel elle essaye de saisir ce qui nous entoure (éléments, plantes, animaux et même pierres) et dévoile que se soigner par les plantes n’est pas anodin. C’est pourquoi, il peut être vraiment intéressant de se plonger dans ces jardins phytothérapiques mais il faut être conscient que cela ne peut être fait à la légère. Concrètement, Hildegarde prône l’épeautre comme la céréale par excellence, conseille de consommer ce qu’elle appelle les fruits et légumes de la joie : pommes, poires, coings, cerises, framboises, oranges, citrons, nèfles, amandes, châtaignes ainsi que fenouil, haricots, courges, pois chiches et ail, ce dernier particulièrement cru. En revanche, elle préconise de s’abstenir de fraises, pêches, prunes et de poireaux ! Se rapprocher de la nature, se tourner vers le jardinage dans les pas de ce Docteur de l’Église peut réellement être source de bien-être.

Nous obliger à retourner à la terre, voir dans la nature l’œuvre de Dieu, la respecter, être reconnaissant de cette richesse confiée à notre humanité c’est ce que propose le Pape François dans son encyclique Laudato si.  Jardiner, c’est participer à l’œuvre de création, se tourner vers notre Créateur pour Le louer et Le remercier de tant de merveilles. Dans le sixième et dernier chapitre de cette encyclique, le Pape François nous demande d’avoir une conversion écologique où seraient liés la prière et la contemplation ainsi que « l’apprentissage de la nature ». À l’instar de notre pape et de son patron, Saint François d’Assise, tournons-nous vers notre créateur avec ces paroles :

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.

Sibylle Goudard

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