Interview de Geneviève Lefebvre et Marthe Marandola

Regard de deux expertes du vivre ensemble : Geneviève Lefebvre, Marthe Marandola, médiatrices et autrices du livre Cohabiter pour vivre mieux.

Comment définissez-vous la vie en Maison d’Alliance ?

GL : Il s’agit d’une forme d’habitat inclusif, ou d’habitat participatif. Ces expressions expriment une même idée : vivre chacun chez soi mais en partageant avec d’autres personnes des espaces et des projets. Dans une Maison d’Alliance, les habitants ont chacun leur logement personnel mais tous ont en commun d’autres espaces, comme un jardin, une salle, un appartement d’accueil pour les invités, une lingerie, un atelier, un lieu de recueillement… et tout ce qu’on peut imaginer et désirer !

Quel intérêt représente ce mode de vie ?

MM : La simplification de vie a été l’idée première de ce mouvement. C’est plus agréable et sympa de faire ensemble un travail de potager ou de bricolage. Plus facile d’affronter les difficultés de la vie quand on peut s’épauler mutuellement, que ce soit pour débrouiller des questions administratives ou des soucis plus personnels. Ce dernier point évoque tout de suite un élément essentiel du béguinage : cette envie très forte chez beaucoup de personnes de tout âge, de se sentir moins isolées dans une société complexe, individualiste et incertaine.

Cela nécessite certainement de posséder des valeurs en commun ?

GL - Notre expérience d’accompagnement de nombreux groupes nous amène à souligner la nécessité de posséder un socle en commun. Par exemple, une façon de vivre à peu près identique, c’est compliqué de partager un lieu de vie entre personnes ayant des habitudes à l’opposé, par exemple entre des « fêtards » et d’autres aspirant au calme ! C’est bien aussi de partager une certaine vision de ce qui rend la vie heureuse, et je parle de la vie quotidienne, pas seulement des grands idéaux. Le souci de la nature, la joie de protéger la beauté d’un bâtiment en l’entretenant bien, le respect des personnes, la gentillesse qu’on peut se manifester les uns envers les autres… Les valeurs ne sont pas dans les mots, elles sont dans les gestes et les actions de tous les jours !

Vivre ensemble est-il facile ?

MM – Il y a plusieurs clés de réussite. En numéro un, c’est l’équilibre entre la vie intime, personnelle, dans son chez soi, et la vie collective qui s’organise dans les autres espaces. L’une ne doit pas être au détriment de l’autre. C’est une base essentielle. Partager un habitat commun ne signifie pas être sans cesse les uns avec les autres, ni vivre sous le contrôle des autres. Et ce n’est pas non plus s’enfermer dans son appartement comme on peut le faire dans un urbanisme anonyme. Cet équilibre si désiré se construit. Comment prenons-nous ensemble les décisions nécessaires ? De quelle manière faisons-nous vivre nos moments communs ? Qu’est-ce qui favorise la création des liens dans le respect des différences de personnalité ? Ce n’est pas compliqué mais cela nécessite de l’attention et un dialogue de qualité.

GL – Ce sont exactement ces aspects à la fois pragmatiques et philosophiques que nous partageons avec les groupes que nous avons l’honneur d’accompagner. C’est un cheminement passionnant et enrichissant. Il ne s’agit pas de se perdre en « réunionite » ou de disserter à l’infini, non, il s’agit de s’organiser au mieux pour profiter de tous les avantages d’un cohabitat équilibré : le plaisir des bons moments, des rencontres, faire des projets à plusieurs, se réjouir ensemble de réalisations individuelles et communes, vivre un sentiment de sécurité, d’entraide et de bienveillance.

Les réflexions et outils que nous proposons ont pour objectif de simplifier la vie pour profiter du meilleur !

Retrouvez-les sur leur site internet : http://www.aegalite.fr/