Aller au contenu principal

Investir dans les maisons d’alliance En savoir plus

Au Village de François, vivre l’essentiel 

Au Village de François, vivre l’essentiel 

le 12 juillet 2021

Installé depuis octobre 2020 à l’abbaye Sainte Marie du Désert, près de Toulouse, le premier Village de François est en plein travaux. Six familles travaillent d’arrache-pied pour rendre possible l’accueil de personnes fragiles. Etienne Villemain, à l’initiative de ce projet, est le co-fondateur de l’Association pour l’Amitié (APA) et le fondateur de Lazare, deux associations qui proposent des colocations entre jeunes actifs et personnes en situation de précarité. Entretien.

Comment l’aventure a-t-elle débutée ?

C’était le 31 décembre 2005, j’ai été touché par une parole de Mère Teresa lors d’une retraite spirituelle. Quelques jours plus tard, je rencontrais Martin, nous avions le même désir. Très vite Karim Rabah et Yves nous rejoignaient, c’était le début des colocations entre jeunes pro et personnes de la rue. Pendant 2 ans nous avons vécu une expérience à la fois tout à fait ordinaire et tout à fait extraordinaire.

 Cette première expérience a fait boule de neige ?

En effet. Ce que nous vivions alors nous brûlait le cœur. Il faut partager le bonheur puisque en le partageant il se multiplie. D’autres jeunes nous ont rejoints. Nous sommes passés de 6 à 24, de 24 à 50, etc.  Puis j’ai développé Lazare à Lyon, Nantes, Marseille, Toulouse, Angers, Lille puis en Belgique et en Espagne…  Aujourd’hui en France ce sont près de 500 personnes qui partagent ce mode de vie, dont la moitié ont vécu à la rue. Bien entendu, nous avons traversé des crises. Il a fallu apprendre à vivre ensemble, à nous aimer au-delà de nos différences et apprendre à nous pardonner.

C’est en 2014 que vous rencontrez pour la première fois le pape François ? 

Oui, avec Alix Montagne et une petite équipe, nous avions à cœur d’ouvrir les portes de l’Église aux pauvres. Trop souvent les personnes de la rue sont à la porte de nos églises au lieu d’être au centre. Nous avons alors décidé d’organiser une retraite pour 200 personnes de la rue à Rome.
Lors de cet événement unique, nous avons croisé le pape place Saint Pierre. Rien n’était prévu. Lorsque le Pape François est descendu de sa papamobile et que j’ai eu l’occasion de le saluer, je lui ai dit « Saint Père, il faut faire la Journée Mondiale des Pauvres ! ». Le Pape a souri !
En 2016, nous emmenions 3500 personnes de la rue de toute l’Europe. C’est lors de ce séjour que j’ai redemandé au Pape de lancer la Journée Mondiale des Pauvres. Ce qu’il a annoncé quelques jours après. Quelle joie !
Depuis, elle est instituée chaque 33ème dimanche du temps ordinaire, vers la mi-novembre.



Le Village de François, c’est un nouveau défi ? 

Oui, il y a longtemps que cela mûrit… C’est la marche après Lazare, que j’ai quitté en 2018. Nous croyons que les personnes fragiles ne sont pas un poids pour la société, elles sont avant tout une richesse. C’est pourquoi nous avons lancé le Village de François, qui développe et anime des lieux de vie partagée innovants, faisant intervenir différentes associations, qui rassemblent des personnes fragiles en situation d’exclusion très diverses et leurs accompagnateurs, ainsi que des familles insérées dans la société.
Les trois piliers du Village de François sont le vivre-ensemble (pour retrouver des relations humaines fraternelles), l’activité économique (pour redonner du sens et la joie du travail) ainsi que l’écologie intégrale (pour prendre soin des hommes et de la maison commune).

Et concrètement ? 

Grâce à une équipe extraordinaire qui porte ce projet, nous avons pu ouvrir un premier lieu à l’abbaye Sainte Marie du Désert. Nous sommes actuellement en pleins travaux. A terme, près de 150 personnes habiteront sur le site.
Nous développons des activités économiques ; dans les prochains mois, nous allons créer une trentaine d’emplois. D’autres projets sont en cours, notamment à Lourdes et à Pau.

En quoi le concept de « Maison d’Alliance » s’inscrit-il dans cette démarche ?

Avec l’équipe, il nous a semblé tout à fait évident qu’il fallait développer un partenariat fort avec les maisons d’Alliance : l’expertise de ces béguinages, la vision très novatrice de ces lieux est une réponse évidente à un dysfonctionnement majeur de notre société.
Les EHPAD sont pour de nombreuses familles une solution par défaut. Au village de François, nous croyons que les séniors ont encore beaucoup à donner.
Ainsi, nous mettons tout en oeuvre pour développer d’ici un à deux ans une maison d’Alliance au sein du Village de François de l’abbaye Sainte Marie du Désert.

Visionner toutes nos actualités...